Benedicte BlondeauOndes_18
Bénédicte Blondeau, série Ondes, 2023.

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mondes impossibles

En 2024, nous vous invitons à vous joindre à nous pour explorer des mondes impossibles, des aveux de défaite tout autant que des promesses pour l’avenir.

In 2024, we invite you to join us as we explore IMPOSSIBLE WORLDS, admissions of defeat as well as promises for the future.

Cette édition du festival présente le travail de/ This edition of the festival presents the work of : Bénédicte Blondeau, Bernard Plossu, Nigel Baldacchino, Raymond Meeks, Awoiska Van Der Molen, Paul Wolff, Andrej Polukord, Léa Habourdin, Ritual Inhabitual, Laurence Kubski, Janine Bächle, Geert Goiris, Matthew Genitempo, Pascal Amoyel, Rebecca Topakian, Paul Gaffney, Michel François, Nathalie Wolff & Matthias Bumiller, Céline Clanet, Christophe Bourguedieu, Ingrid Weyland, Terri Weifenbach, Vanessa Cowling, Gabriel Goller, Karin Jobst, Tom Spach

et celui des artistes sélectionné·es pour l'exposition BPMxPEP/ and of the artists selected for the BPMxPEP exhibition : Guillaume Amat, Filippo Barbero, Ole Brodersen, Matthew Bruce, Panos Charalampidis and Mary Chairetaki, Odysseas Chloridis,Tamas Cseke, Mauro Curti, Karolina Dudek, Daniel L. Fleitas, Yingying Gao, Uta Genilke, Robin Germany, Yann Haeberlin, Alix Haefner, Vincent Jondeau, Helen Jones, Ina Königs, Cinzia Laliscia, Felix Lampe, Lisa Mazenauer, Kim Llerena, Julien Mauve, Giaime Meloni, Maria Oliveira, Stefano Parrini, Pedro Rodrigues, Paula Pedrosa, Jason Pinckard, Paula Punkstina, Martha Roschmann, Aurélie Scouarnec, Fiona Segadães Da Silva, Katya Selezneva, Ashutosh Shaktan, Marten Slothouwer, Maximiliano Tineo, Diana Tishchenko, Marinos Tsagkarakis, Armelle Tulunda, Valentin Joseph Valette, Alkistis Voutsara, Polly White


Pour sa 6e édition, la BPM interroge les perspectives de notre planète à l'ère de l'Anthropocène et étudie les différentes questions qu'elles soulèvent. Quel est l'impact de l'activité humaine sur l'environnement et le climat ? Avons-nous atteint un point de non-retour ou pouvons-nous envisager des alternatives viables pour l'avenir ? Quelle est notre relation avec la nature, ses éléments et le cosmos ? Quel est le rôle de l'humain en tant qu'espèce sur cette planète ? 

Les photographes invité·es partagent leur conception de l'ère post-industrielle et des défis auxquels nous devrons faire face, de même qu’ils et elles sondent l'essence des mondes naturels à préserver ou à réinventer. Les expositions présentent différentes visions d'un monde devenu inhabitable pour certaines espèces vivantes, tout en explorant des espaces possibles et rêvés pour l'avenir.

For its 6th edition, the MBP contemplates the prospects for our planet in the Anthropocene era, and examines the various questions they raise. What is the impact of human activity on the environment and climate? Have we reached a point of no return, or can we envisage viable alternatives for the future? What is our relationship with nature, its elements and the cosmos? What is the role of humans as a species on this planet?

Guest photographers share their vision of the post-industrial era and the challenges we face, as well as probing the essence of natural worlds to be preserved or reinvented. The exhibitions present different visions of a world that has become uninhabitable for certain living species, while exploring possible and dreamed spaces for the future.

 

Vanessa Cowling, détail de Untitled (Garden), 2022.


PRÉSENTATION DE LA 6E ÉDITION DE LA BPM
Par la directrice artistique Anne Immelé

Dans un contexte mondial dominé par des risques de catastrophes écologiques, les mondes futurs s’annoncent difficilement habitables. Alors que certaines dystopies semblent devenir des sujets désormais débattus, connecter les cycles de l’humain et les cycles du vivant devient plus que nécessaire. La connexion de la vie humaine avec celle des plantes et du monde vivant est primordiale pour transformer les mondes devenus impossibles à vivre pour certaines espèces, en mondes possibles. Cette édition invite à porter plus d’attention d’attention à la diversité des formes de vie, mais aussi à entrer dans des mondes sensibles et parfois imaginaires.

La programmation s’ancre dans notre période post-industrielle, à Mulhouse, l’une des villes « berceau de l’imagerie industrielle ». L’exposition de Paul Wolff (né à Mulhouse en 1887) nous rappelle les croyances dans un monde meilleur grâce aux progrès de l’industrie. Accompagnant l’invention du Leica, dans une esthétique proche de la « nouvelle vision », Paul Wolff a réalisé de nombreux « reportages industriels » dédiés à des secteurs (sidérurgie, automobile, textile…) ou des régions de production. Le fonds Paul Wolff conservé dans les réserves de la Bibliothèque municipale fait écho au patrimoine industriel de Mulhouse (autour du textile, de la chimie, de la fonderie et des constructions mécaniques, mais aussi de l’impression graphique). Des années 1920 à 2024, la beauté des formes et architectures industrielles et urbaines, tant exaltées par les avant-gardes, a laissé la place aux préoccupations liées à l’ère de l’anthropocène et à des paysages de « l’après ». Ainsi, le très récent travail de Raymond Meeks (Erasure, After Nature) et le travail en duo qu’il a fait avec Awoiska van der Molen, montrent les ruines du capitalisme. Les rebuts jonchent comme des stigmates le désert californien telles des conséquences d’une guerre au long cours. Le photographe lituanien Andrej Polukord utilise la performance et la photographie pour dénoncer les phénomènes de déforestation massive. Le collectif Ritual Inhabitual a élaboré un récit de la révolte en se concentrant sur un rituel que le peuple Purhépecha (Mexique) entretient avec les abeilles sauvages des forêts qu’il protège.

Les conséquences des pratiques d’extractivisme, sont aussi l’un des thèmes de l’exposition PEP (Photographic Exploration Project). Inspiré par la Dark écologie, Felix Lampe montre les paysages formés à la suite des exploitations minières en Allemagne. Dans Swiss Gold Entropy, Lisa Mazenauer a puisé dans les archives de son grand-père, exploitant de mine d’or au Zaïre, alors que Valentin Joseph Valette s’est concentré sur le développement économique du Sultanat d’Oman.

Si l’opposition nature/culture est aujourd’hui questionnée, la sensibilité aux liens souterrains unissant l’humain aux mondes vivants est la trame poétique et méditative de those eyes - these eyes - they fade (Nigel Baldacchino, Bénédicte Blondeau, Bernard Plossu, Raymond Meeks, Awoiska van der Molen). Cette exposition-expérience est un projet collectif en évolution. Dans la continuité de sa première version (Malte, 2022), l’exposition au Musée des Beaux-Arts permet d’investir les passages entre le monde vivant et les constructions humaines. La nature prisonnière de Bernard Plossu témoigne de la mise en scène artificielle de la nature dans des espaces pleinement bétonnés. « Dans les grandes villes, loin des havres de paix de la nature, ça sautait aux yeux que l’homme essayait de faire croire que tout allait bien dans le meilleur des décors possibles ! » écrit Plossu pour introduire son témoignage « écolo-visuel ». Dans sa série Pinetu, Nigel Baldacchino photographie les formes uniques d’arbres urbains devenus des métaphores des divers parcours de vie et aléas des usager·es de ce parc urbain maltais. Avec Ondes, Bénédicte Blondeau a réalisé des photographies en Islande pour évoquer les flux d’énergie qui façonnent nos existences tout en débordant nos capacités de perception. La relation au monde vivant est aussi un espace sensible pour Awoiska van der Molen.

Le vecteur émotionnel tissé entre la ou le photographe et son environnement, est l’une des approches des expositions de Terri Weifenbach et Vanessa Cowling (Thann), de Léa Habourdin (Chapelle Saint- Jean Mulhouse) et d’Ingrid Weyland (Hombourg). Ces photographes nous rappellent la fragilité et la vulnérabilité des écosystèmes du vivant, en écho à celle des humains. Dans l’exposition Clouds Physics, Terri Weifenbach retranscrit l’air, l’impalpable de l’atmosphère, l’infime qui se glisse dans un instant de vie.

Alors que, depuis son invention, la photographie fait elle-même partie d’une industrie ayant des impacts environnementaux, les recherches sur les techniques alternatives d’impression sont en pleine expansion. Dans Fixing the Shadows, série dédiée au monde végétal, Vanessa Cowling utilise des procédés photographiques sans appareil et peu nocifs pour l’environnement, cherchant une symbiose entre les plantes utilisées et le procédé qui en garde la trace. Léa Habourdin réalise des tirages aux pigments végétaux. Pour son installation, la photographe s’inspire des découvertes d’un chanoine-botaniste du XVIIIe siècle pour réfléchir au devenir des dunes et des forêts de Nida (Lituanie).

Les circuits du commerce mondialisé sont abordés dans l’exposition de Laurence Kubski (proposée par les Journées Photographiques de Bienne) et dans l’exposition Surface troublée au DELPHI_space de Freiburg. Dans sa série Big Fish, Laurence Kubski remonte la chaîne du commerce des poissons d’aquarium, de leur capture dans l’océan jusqu’au bocal. L’exposition Surface troublée met en dialogue les photographies de Gabriel Goller et Karin Jobst reliant deux positions photographiques qui abordent de manière différente le motif de l‘eau et sa dimension poétique et politique.

Les perspectives en matière d’espace de la ville constituent également une facette de cette édition. En prenant l’exemple de Hong-Kong dans sa série High Garden, Tom Spach documente un urbanisme rare mêlant forte densité de population et proximité immédiate de la nature. Le bâti urbain ultra-technologique y cohabite avec la biodiversité dans un format de ville nouvelle.

Enfin, deux expositions dans l’espace public mulhousien déploient des approches documentaires ou des imaginaires liés aux visions du futur : celle des 10 ans du festival et celle des écoles supérieures d’Art du Grand Est.

Les journées inaugurales des 13, 14 et 15 septembre seront l’occasion de découvrir ces visions, souvent critiques et résolument tournées vers l’avenir, en présence des photographes et des commissaires. En tant que vaisseau incontournable de ces voix, le livre photo sera le sujet d’un temps fort lors de ce week-end d’ouverture.

Venez explorer ces Mondes Impossibles avec nous.

iMPOSSIBLE WORLDS

PRESENTATION OF THE 6th EDITION OF THE MBP
By Artistic Director Anne Immelé

In a global context dominated by the risk of ecological disasters, future prospects seem to point towards worlds that are far less habitable. At a time when several dystopian scenarios seem to have become subjects of factual debate, connecting human and living cycles is becoming more critical than ever. The connection between human life and that of plants and the living world is essential if we are to transform worlds that have become impossible to live in for certain species, into possible worlds. This edition of the Biennial invites us to pay closer attention to the diversity of life forms, but also to enter into sensitive and sometimes projected worlds of possibility.

The program is anchored in our post-industrial era, in Mulhouse, one of the "cradle cities of industrial imagery". The exhibition on Paul Wolff (born in Mulhouse in 1887) reminds us of times when industrial progress was envisaged to hold the keys to a better world. Accompanying the invention of the Leica, in an aesthetic close to the "new vision", Paul Wolff produced numerous "industrial reportages" dedicated to specific sectors (steel, automobiles, textiles, etc.) or production regions. The Paul Wolff collection in the Municipal Library's reserves reflects Mulhouse's industrial heritage (textiles, chemicals, foundry and mechanical engineering, as well as graphic printing). From the 1920s to 2024, the beauty of industrial and urban forms and architecture, so exalted by the avant-gardes, gave way to concerns linked to the Anthropocene era and to landscapes of the "afternarth". Therefore, Raymond Meeks' most recent work (Erasure, After Nature) and his duo with Awoiska van der Molen, expose the ruins of capitalism. Scraps litter the Californian desert like stigmata, or the consequences of an ongoing war. Lithuanian photographer Andrej Polukord uses performance and photography to denounce the phenomenon of mass deforestation. The Ritual Inhabitual collective has elaborated a narrative of revolt by focusing on a ritual that the Purhépecha people (Mexico) engage in with the wild bees of the forests they protect.

The consequences of extractivist practices are also one of the themes of the PEP (Photographic Exploration Project) exhibition. Inspired by Dark ecology, Felix Lampe shows the landscapes formed as a result of mining operations in Germany. In Swiss Gold Entropy, Lisa Mazenauer draws on the archives of her grandfather, a gold miner in Zaire, while Valentin Joseph Valette focuses on the economic development of the Sultanate of Oman.

If the nature/culture opposition is questioned today, sensitivity to the underlying links uniting humans with living worlds is the poetic and meditative framework of those eyes - these eyes - they fade (Nigel Baldacchino, Bénédicte Blondeau, Bernard Plossu, Raymond Meeks, Awoiska van der Molen). This exhibition-experience is an evolving collective project. Following on from its first version (Malta, 2022), the exhibition at the Fine Arts Museum will explore the passages between the living world and human constructions. Bernard Plossu's La nature prisonnière bears witness to the artificial staging of nature in fully concreted spaces. "In the big cities, far from the peaceful havens of nature, it was obvious that man was trying to make people believe that everything was fine in the best possible setting," writes Plossu, introducing his "ecolo-visual" testimony.In his Pinetu series, Nigel Baldacchino photographs the unique shapes of urban trees, which have become metaphors for the various life paths and hazards of the users of this Maltese urban park. With Ondes, Bénédicte Blondeau presents photographs taken in Iceland that evoke the energy flows that shape our lives and overwhelm our powers of perception. The relationship with the living world is also a main driving force in Awoiska van der Molen’s work.

The emotional vector created between the photographer and his or her environment is one of the approaches taken in exhibitions by Terri Weifenbach and Vanessa Cowling (Thann), Léa Habourdin (Saint Jean Chapel, Mulhouse) and Ingrid Weyland (Hombourg). These photographers remind us of the fragility and vulnerability of living ecosystems, echoing that of human beings. In the Cloud Physics exhibition, Terri Weifenbach transcribes the air, the impalpable atmosphere and the infinitesimal that slips into a moment of life.

While photography itself has been part of an industry with environmental impacts since its invention, research into alternative printing techniques is expanding rapidly. In Fixing the Shadows, a series dedicated to the plant world, Vanessa Cowling uses camera-free photographic processes that do little harm to the environment. Léa Habourdin produces prints using plant pigments. For her installation, the photographer draws on the discoveries of an 18th-century canon-botanist to reflect on the future of the dunes and forests of Nida (Lithuania).

The circuits of globalized trade are addressed in Laurence Kubski's exhibition (presented by Bienne Festival of photography) and in the exhibition Troubled surface at DELPHI_space in Freiburg. In her Big Fish series, Laurence Kubski traces the supply chain of aquarium fish, from their capture in the ocean to the fishbowl. The Troubled surface exhibition features photographs by Gabriel Goller and Karin Jobst, linking two photographic positions that take different approaches to the subject of water and its poetic and political dimensions.

The city's spatial perspectives are also a theme of this edition. Taking the example of Hong Kong in his High Garden series, Tom Spach documents a rare urbanism combining high population density and close proximity to nature. Ultra-technological urban construction coexists with biodiversity in a new city format.

Last but not least, two exhibitions in the public spaces of Mulhouse will feature documentary approaches or imaginary visions of the future: one to mark the 10th anniversary of the festival, and the other to celebrate the Grand Est region's art schools.

The opening days on September 13, 14 and 15 will provide an opportunity to discover these visions, often critical but resolutely forward-looking, in the presence of photographers and curators. As the essential medium for these voices, the photo book will be the subject of a special highlight on the opening weekend.

Come and explore these Impossible Worlds with us.